Deux vampire dans une librairie -(PV : Maël)-

Célèbre écrivain, tour à tour poète et conteur, Edgar Allan Poe est né à Boston un 19 janvier 1809. Il est issu d’une famille de comédiens ambulants, il est orphelin très jeune et il est recueilli alors par un riche négociant du nom de John Allan. Après des études en Angleterre, il entre au collège en Virginie. Ne s’entendant pas avec son père d’adoption, ayant tous les deux des points de vue divergeant, Edgar Allan Poe s’engage alors dans l’armée. A cette même époque, il publie en 1827, à ses frais, un premier un recueil de vers intitulé Tamerlan et Autres Poèmes. 1829 est l’année charnière, il trouve refuge chez une tante peu fortunée, il se marie avec la fille de sa tante et publie un deuxième recueil Al Aaraaf. Abandonnant l’armée, il se consacre exclusivement à l’écriture, et c’est en 1831 qu’il publie ses premiers contes. On citera Le Manuscrit Trouvé dans une Bouteille en 1833 qui est alors primé et le fait connaître. Il participe ensuite en 1835 à la revue de Richmond en rédigeant des éditoriaux, des critiques et autres comptes rendus. Par la même occasion, il écrit d’autres contes, et d’autres poèmes.

En 1837, il part à New-York avec sa femme, mais en proie à la pauvreté, il continue, malgré tout à écrire et à publier des contes : Les Aventures d'Arthur Gordon Pym, Ligeia, La Chute de la maison Usher, William Wilson et le Scarabée d'or. En 1845, son poème Le Corbeau, lui amène le succès. Deux ans après, sa femme décède, il est de santé fragile et affaibli par son rythme de travail. C’est à cette époque qu’il commence à sombrer et il se met à boire. Entre pauvreté et instabilité, amour impossible, il reste créatif, notamment avec la conception de Ulalume et Eurêka.

De son œuvre, conséquente et exceptionnelle, on peut retenir, non exhaustivement : Sonnets ; Elégies ; Le Débat de Folie et d'Amour ; les célèbres Histoires Extraordinaires (adaptées de nombreuses fois au Cinéma) ; et ses nombreux contes dont Barrique d'Amontillado ; Bon-Bon ; le Canard au ballon ; le Chat noir ; le Coeur révélateur ; De l'escroquerie considérée comme l'une des sciences exactes ; le Domaine d'Arnheim ; le Duc de l'Omelette ; Eléonora ; Exorde ; L'Art du conte, etc.

Edgar Allan Poe s’éteint d'une crise de delirium tremens à l'hôpital un 7 octobre 1849. Fou et travailleur acharné, poète maudit pour certain, il est un grand conteur américain, à l'imaginaire assez macabre, qui marquera à jamais le genre fantastique, vraiment, j'adore cet auteur.



Je lis d'ailleurs "Histoires extraordinaires", ce recueil de nouvelles est vraiment bien. Je ne m'en lasse pas, bien que je l'ai déjà lu au moins 27 fois... J'entame la dernière page, lis les derniers mots. Je referme le livre. Encore fini. Il faut que j'en prenne un autre pour combler mon ennui. Mais que prendre ? Je ne sais pas. Peut être un Zola ? Ou encore Flaubert... Non je ne sais vraiment pas.

En fin de compte, je reste au comptoir, tel un libraire débile. J'ai la tête posée sur ma main, laissant déformer une partie de ma joue écrasée par la paume de ma main. J'ai les yeux dans le vide, enfin mon oeil dans le vide. Il n'y a personne. Je m'ennuie ! Pourquoi les client ne viennent pas aujourd'hui . Bien que même quand ils viennent ils ne me parlent pas, ou alors me racontent leur vie. J'adore ce spectacle plus que prenant. J'aime les déchiffrer du plus profond de leurs êtres. Les deviner tels qu'ils sont dans la vie, ce qu'ils font. Je me contente alors de leur rendre un sourire amical sans trop jamais parler. Je rencontre des cas sociaux parfois. Comme des paumés en littérature qui ne connaissent pas la différence entre Alexandre Dumas et Lamartine... Sinon, je croise des soi-disant grand intellectuels, ils me font rire ceux-là, lorsqu'ils me parlent d'un air hautain en essayant de me faire connaître mon métier et les grandes oeuvres que je côtoie tous les jours...

En attendant, je suis toujours seul dans ma librairie. Mais Mina, la tenancière de cette libraire est partie en me laissant un petit mot me disant qu'elle allait faire du shopping toute la journée et qu'elle contait sur moi pour garder la librairie toute la journée. Sans oublier le petit coeur en fin de lettre... Qu'elle est collante cette bonne femme, tant mieux qu'elle soit partie pour la journée... Je lâche un petit rire, puis je me redresse en me tapotant la joue. Mais oui, j'ai ma future lecture ! J'ai envie de lire les "Contes cruels" de Mirbeau, ce misanthrope que j'aime tant !

"Non, je n'ai pas encore bouffé ta "jolie créature. Je préfère faire durer le plaisir, ponctue-t-il avec un air carnassier.

Quant à ce qui m'amène ici, c'est l'ennui. Et puis je viens juste d'arriver, faut bien que je visite un peu ! Même si ta librairie ne paye pas de mine, ça ne pouvait pas être pire que la place du Marché vide ..."

Donc, il ne l'a pas encore mangée, la petite créature. Je sais bien que ma librairie ne paye pas de mine, car malheureusement cette ville pourrie n'est peuplée que de gens incultes, ou presque, totalement désintéressés des livres, ce que je ne comprendrais jamais... Peut être car je suis éternel, et que pour moi, les livres sont une source d'imaginaire, d'autres mondes, vraiment le genre de chose qui me fait totalement passé mon ennui... C'est justement car je suis éternel, que je ne devrai pas passer mon temps à lire, car j'ai l'éternité devant moi, alors que tous ces petits mortels d'humains, eux, ne savent pas la chance d'être libérés à un moment, et donc... je ne comprends pas pourquoi eux, ne lisent pas. Peut-être que justement, puisqu'ils sont mortels, ils ne veulent pas perdre leur précieux temps de vie à lire de magnifiques romans écrits par les plus grandes têtes pensantes...

Le meurtre se cultive suffisamment de lui-même...
À proprement dire, il n'est pas le résultat de telle ou telle
passion, ni la forme pathologique de la dégénérescence.
C'est un instinct vital qui est en nous... qui est dans tous
les êtres organisés et les domine, comme l'instinct génésique...
Et c'est tellement vrai que, la plupart du temps, ces deux instincts
se combinent si bien l'un par l'autre, se confondent si totalement
l'un dans l'autre, qu'ils ne font, en quelque sorte, qu'un seul et
même instinct, et qu'on ne sait plus lequel des deux nous pousse
à donner la vie et lequel à la reprendre, lequel est le meurtre et
lequel est l'amour.

Mais, revenons à nos longues dents... Maël, le gentil et joli vampire de la dernière fois, celui qui a attiré toute mon attention, est ici, comme par magie, dans MA librairie... Il faut que j'en profite...

"Maël... Je suppose que tu n'es pas venu pour un livre ? Certes, c'est parce que tu t'ennuie... Et comble de la probabilité, je m'ennuie également... Ce livre que je tiens, je l'ai lu au moins 32 fois, et j'aimerai bien discuter un peu en ta compagnie... Si tu le veux bien, évidemment... C'est toujours intéressant de parler avec un de ses congénères, surtout que ceux-ci ne courent pas les rue... n'est-ce pas ?"

C'est que l'art ne consiste pas à tuer beaucoup...
à égorger, massacrer, exterminer, en bloc, les hommes...
C'est trop facile, vraiment... L'art, milady, consiste
à savoir tuer, selon des rites de beauté dont nous autres
Chinois connaissons seuls le secret divin...
Savoir tuer !... Rien n'est plus rare, et tout est là...
Savoir tuer !... C'est-à-dire travailler la chair humaine,
comme un sculpteur sa glaise ou son morceau d'ivoire...
en tirer toute la somme, tous les prodiges de souffrance
qu'elle recèle au fond de ses ténèbres et de ses mystères...
Voilà !... Il y faut de la science, de la variété, de l'élégance,
de l'invention... du génie, enfin...

"Non, il est vrai qu'on ne trouve pas beaucoup de vampires de nos jours. Les villes sont grandes et pleines d'endroit pour se cacher. Comme ta librairie d'ailleurs. Je veux bien discuter avec toi, bien sûr. Je ne vois pas pourquoi je te refuserais ça. Quoique ..."

J'esquisse un petit sourire. J'ai des tonnes de questions à lui poser... Comment il se nourrit ? Où il vit ? Que fait-il, s'il exerce un métier ? Si il se fond bien dans la masse... Toutes ces questions se bousculent dans ma tête... Pas que cela m'intéresse vraiment, et que cela va changer ma vie entière, mais simplement par curiosité... Si il a trouvé une proie fixe, comme Tsuny pour moi, ou alors s'il tue des humais et se nourrit de leur sang, ou encore s'il s'abreuve de sang animal, ce qui m'étonnerais fort de lui...

Hélas ! les Portes de vie ne s'ouvrent jamais
que sur de la mort, ne s'ouvrent jamais que
sur les palais et sur les jardins de la mort...
Et l'univers m'apparaît comme un immense,
comme un inexorable jardin des supplices...
Partout du sang, et là où il y a plus de vie,
partout d'horribles tourmenteurs qui fouillent
les chairs, scient les os, vous retournent la peau,
avec des faces sinistres de joie...

"-Bah, je préfère oublier. De quoi comptais-tu parler ?

-Alors... Par simple curiosité... Comment te nourris-tu ? Et... pour ne pas tuer ta proie toute suite, ne te serais pas tu entichée d'elle ? Je dis ça, moi je dis rien..."

Je me contente de lui sourire, je me redresse, pour avoir moins l'air d'un rat crevé au fond d'un égout. Je vais beaucoup mieux depuis que je me suis abreuvé du sang de darkling, du sang de Tsuny. En fin de compte, je suis un peu plus grand que lui, je le regarde, puis je m'assois sur le comptoir. Une petite pancarte pendant à la porte d'entrée, est sur face "Open"... Je lance un stylo, qui tombe pile sur le coin haut à droite. Ce lancé à permis à la pancarte de se retourner parfaitement laissant marqué en noir et en lettres courrier new "Closed"